mannequin, son office de serviteur d'abord, d'e
sclave
ensuite, en lui passant ses vêtements, ses bas, ses
souliers. Une telle assiduité à la servir lui valut
quelques sourires, puis une attention plus soutenue,
enfin un rendez
-
vous dans un bar proche de leur lieu
de travail. Marjorie ne fit aucune diff
iculté pour le
mettre au courant de ses instincts pervers.
—
À
vingt
-
deux ans, lui dit
-
elle, je sais ce que je
veux et ce que je veux, je l'aurai. Je suis d'une nature
libre, indépendante et autoritaire. Je ne supporte ni la
contrainte ni la contradiction.
J
'ai un caractère
exé
cra
ble et j'ai une folle envie de dominer et
d'asservir ceux qui m'aiment. Inutile de vous préciser
que l'homme que je choisirai devra se contenter d'un
rôle de domestique, voire d'esclave. Il devra
considérer comme une faveur
les rar
es instants où je
le traiterai sur un pied d'égalité avec moi.
Imaginez l'effet qu'une telle franchise
exerça
sur
l'âme
torturée d'Adrien, mettant à vif ses plus secrètes
obsessions. Il ne sut que répondre. Il balbutia des
mots inaudibles que Marjorie trad
uisit volontairement
comme une désapprobation. Elle soupira
:
Vous voyez comme il est difficile d'être comprise
et
traitée comme je le mérite
.
V
ous
qui êtes fidèle,
serviable, gentil, il vous apparaîtrait insupportable
d'être considéré comme mon domestique
à vie.
Cette fois, Adrien réagit brutalement.
—
Ai
-
je dit une chose pareille
?
... Ai
-
je contesté que
vous
soyez
digne d'asservir l'humanité entière
?
—
Non... mais vous ne m'avez pas approuvée
!
—
C'est maintenant chose faite
!
Il la regarda droit dans le
s yeux, s'efforçant de faire
passer dans ses prunelles, tout le poids de ce qu'il
aurait aimé lui dire mais qu'une irrésistible et stupide
pudeur l'empêchait d'étaler. Une lueur étrange animait
U
N
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SCLAVE EN HÉRITAGE
les pupilles de Marjorie. Ses lèvres se crispèrent en un
rictu
s de joie méprisante.
—
J'avais deviné que vous étiez l'homme que
j'attendais, que vos...
«
gentillesses
»
étaient plus de
la servilité que de la galanterie... Vous m'intéressez
énormément, Adrien
!
—
Mademoiselle, je ne vois pas en quoi un
personnage auss
i futile que moi peut vous intéresser
?
Je suis humble et...
—
... et soumis
!
trancha
-
t
-
elle. C'est exactement ce
qu'il me faut. L'humilité et la soumission sont les
seules qualités que je demande à un homme. Les
autres naîtront d'elles
-
mêmes... ou, tout
au moins, du
dressage que je saurai appliquer à mon catéchumène.
Adrien baissa la tête sans répondre. Il était si
heureux qu'il n'osait croire en son bonheur. Il avait
peur d'être
trompé par ses désirs et de s'éveiller à la
réalité sous le rire cristallin
de Marjorie. Mais elle ne rit
pas. Elle se pencha sur lui et murmura
:
—
Adrien, acceptez
-
vous de me servir, de m'obéir
et de devenir ma propriété à part entière
?
Son visage
était
anxieux, tendu, ses lèvres pincées, ses yeux
demi
-
clos.
—
Je n'ai jamais ca
ressé d'autres espoirs depuis
l'instant o
ù je vous ai vue,
m
ademoiselle Marjorie,
répondit
-
il.
Elle se redressa et s'enfonça confortablement sur
son siège. Son visage s'était empourpré de plaisir. Elle
paraissait soulagé
e.
—
C'est bien dit
-
elle, je savais
que
nous
pourrions
entendre. Grâce à vous, je vais enfin réaliser le rêve
de ma vie
:
posséder un esclave sur lequel j'aurai tous
les droits.
Elle s'étira gracieusement comme pour marquer la
f
in
d'une vie léthargique, le départ d'une passion
nouvelle.
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N
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SCLAVE EN HÉRITAGE
Dès
lors la pauvre vie minable d'Adrien prit une tout
autre allure. Il était heureux d'ê
tre, heureux
d'apparte
nir à cette jolie fille, de la satisfaire, de n'être
que son ombre.
Marjorie, pourtant, décida de ne pas l'épouser
tout
de suite. Elle voulait s'assur
er de sa docilité et le
dresser si le besoin s'en faisait sentir. Ils vécurent
quelques mois en
«
fiancés
»
sans partager le même
toit. Marjorie décidait de leurs rendez
-
vous, lui
imposait le lieu et l'heure, se réservant le droit de
changer d'idées au
der
nier moment sans avoir à lui
fournir d'explications. Leurs sorties se résumaient à
quelques promenades où ils échangeaient leurs idées
,
leurs projets, leurs pensées. Aucun contact sexuel ne
vint ternir cette curieuse idylle. Marjorie y était
formellement o
pposée. Il n'avait d'autre droit que celui
de lui caresser les bras, et les jambes jusqu'au
x
genoux. Pour ce qui était des baisers, Marjorie l'avait
prévenu que, de sa part, elle les considérait comme
des souillures. Les seules ré
compen
ses qu'elle lui
acco
rdait étaient de lui embrasser les mains et les
pieds.
Un soir elle lui annonça qu'elle partait en tournée
pour un reportage et, qu'à son retour, elle
l'épouserait. Il l'accompagna à la gare. Marjorie
s'installa dans le compartiment encore vide du train
qu
i était à quai. Elle croisa nonchalamment les
jambes.
—
Lèche ma semelle
!
dit
-
elle simplement.
Il tomba à genoux, fou de joie, et il passa sa langue
avec ardeur sur le cuir poussiéreux. Après quelques
minutes, elle le repoussa du pied et, saisissant une
re
vue qu'elle avait posée sur la banquette, à côté
d'elle, elle lui ordonna.
—
Va
-
t
-
en
!
Il était congédié. Comme un domestique. Il se
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SCLAVE EN HÉRITAGE
releva,
s'inclina respectueusement.
—
Je vous souhaite un bon voyage, maîtresse
!
Maîtresse
!
... Il ne l'avait jamais appel
ée autrement
depuiS
fab570, Posté le mercredi 03 janvier 2018 09:53
Visiteuse a écrit : "
"vous êtes toujours la ?!